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Un Lyon - Paris à rebondissements...

Un Lyon - Paris à rebondissements...

Je pars de Lyon lundi matin, bien décidé à rejoindre Paris en quatre jours à vélo. Mes étapes font environ 135 km et, comme le profil n'est pas particulièrement difficile, j'espère en venir à bout facilement en moins de 4 fois 8 heures de route.

 

Etape 1 : La vallée de l'Azergues et les monts du Brionnais

La première étape doit me mener aux environs de Gueugnon (mais je n'ai pas réservé d'hôtel, attendant de voir si mon rythme de progression me permet d'atteindre mon objectif). Elle se compose d'une première partie peu reposante puisque principalement constituée de... 67 km de faux plat montant pour passer le col des écharmeaux en remontant la vallée de l'Azergues. Puis le reste se déroulera dans les monts du Brionnais (patrie d'une partie de mes ancêtres), pas forcément beaucoup plus facile car relativement accidenté...

 

L'ascension du col se déroule bien; je suis frais, il fait beau... Je me paie même le luxe d'arriver à Chauffailles (km 80) en quasiment 4 h, c'est bien pour moi !

Après 95km de route, c'est le moment où tout aurait pu (dû) être compromis : je fais tomber mon portable dans une descente et une voiture roule "dessus" !

 

En plus de toutes les fonctions de mon téléphone (téléphone donc, accès à internet, aux mails, SMS, GPS, calendrier, réveil, appareil photo, incontournable pour réserver les logements, les billets de train pour le retour, voir où se trouvent les boulangeries, restau, etc...), j'ai astucieusement glissé dans la coque de protection ma carte bleue, ma carte vitale et ma carte d'identité (et un peu d'argent liquide), c'est dire s'il m'est nécessaire...

Je vois donc mes cartes virevolter au passage de la voiture. Je m'attends à retrouver mon téléphone et notamment ma carte bleue complètement écrabouillés et hors d'usage et me prépare mentalement  à retourner de ce pas à Lyon (ce qui me fait moyennement rigoler puisque ça voudrait dire 190km de vélo dans la journée ce qui est un peu beaucoup pour moi, sans compter les complications administratives et les sous perdus...).

Et là le miracle a lieu : la voiture a roulé tout près de la coque de protection faisant voler mes cartes, mais mon portable a été éjecté de celle-ci et n'a pas souffert du passage de la voiture. Non seulement ça, mais il semble encore en état de fonctionner ! Ouuuuf ! C'est donc encore plus heureux que je me plonge dans les monts du Brionnais !

Le Brionnais, c'est un coin particulièrement à l'écart des grands axes de communication et particulièrement vert et désert. 

 

Ah, oui, ça, c'est vert !

 

C'est charmant et bucolique, mais désert (et vallonné). Je passe donc par les villages (verts et déserts eux aussi) de mes aïeux :

 

qui a dit comme Dany ??

A Chateauneuf, je tombe sur une jolie petite chapelle du XIIe entourée de son cimetière (où de vieux cousins doivent vraisemblablement être enterrés)  :

oui, au fond aussi c'est un cimetière... Ils sont forts en cimetières dans le Brionnais.

De l'autre côté, il y a le monument aux morts où la statue essaie de mettre la couronne de lauriers sur le clocher :

 

Faut dire que dans le coin, la "Grande Guerre" a duré plus longtemps qu'ailleurs :

"ben oui, mais si on nous dit rien, nous on continue à combattre..."

 

Je me rends alors compte que mon allure a baissé et je décide de chercher un hôtel (puisque mon téléphone me le permet encore) sur Digoin, un peu moins éloigné que Gueugnon. Le seul fait marquant de la fin de l'étape est une micro chûte à Saint-Yan due à une voiture en stationnement qui a bondi vers moi au dernier moment sans que je puisse l'éviter... Bon en fait je regardais mon GPS dans cette rue calme et j'étais peu attentif, mea culpa. Les conséquences sont bien moins graves que la dernière fois où cela m'était arrivé (je m'étais cassé une clavicule contre un camion à Paris quand j'avais 23 ans) : à peine quelques égratignures sur la cuisse gauche...

Voilà une première étape riche en émotions de toutes sortes ! J'attends la seconde avec impatience : la traversée du Morvan !

 

Etape 2 : la traversée du Morvan

 

Le matin, il fait à peine 6 degrés quand je m'élance de Digoin. La route va être bien vallonnée jusqu'à Vézelay et je pense me réchauffer assez vite... A titre de comparaison, ce sont 2000 m de dénivelé positif qui m'attendent aujourd'hui contre "seulement" 1600 hier. Autant dire qu'avant de rejoindre les plaines du Gâtinais, je vais passer ma journée la plus "physique" aujourd'hui. Mais l'invité surprise, c'est le vent, de face, qui vient opposer sa force usante à mon avancée. Seul, les relais reviennent vite ^^.

 

 

 Après une première partie pleine de "casse-pattes" pas méchants, j'arrive à Luzy (km 50) au pied du col de la Gravelle. Très vite les paysages changent et les forêts de sapins font leur apparition, signe que je gagne en altitude.

 

 

J'aime ces couleurs mêlées où le sombre des sapins le dispute au vert de l'herbe, au blanc des fleurs, et où les nuages semblent réverbérer tout cela...

Le Morvan, c'est beau... comme le Brionnais ;)

 

Après 15km (assez faciles) dans le col de la Gravelle, le plus dur est fait :

 

Je voyage léger, même avec le pain de mie bien à l'abri sous ma selle...

Me reste la descente vers Chateau-Chinon :

Un certain Mitterrand y était député avant de devenir président...

 

La suite est ponctuée de côtes brèves mais quelquefois assez pentues qui me ralentissent mais... personne ne m'attend le soir ! Je les prends donc les unes après les autres tranquillement (et puis soyons honnêtes, les prendre en même temps aurait été trop difficile de toute façon...).

 

J'arrive en vue de Vézelay (en haut à gauche à l'arrière plan) après plus de 9 h de route :

il n'est pas majestueux ce ciel ?

 

Les deux premières étapes ne m'ont pas particulièrement entamé physiquement, ceci dit, je ne tarde pas à trouver le sommeil le soir venu !

 

Etape 3 : Vézelay - Montargis

 

 

La troisième étape est plus simple que les précédentes : pas de col au programme, juste une balade dans les champs, entre Yonne et Loiret.

 

même si le profil semble accidenté, l'altitude reste faible, c'est une étape facile

 

Je commence direct par les kilomètres les plus difficiles : ils me mènent à la très belle abbaye de Vézelay que je visite succinctement de bon matin :

un peu magique, cet endroit...

 

L'abbaye est magnifique et j'aime aussi particulièrement le village de Vézelay qui se serre à la crête de son éperon rocheux. 

Le premier beau point de vue se situe à Mailly le Chateau :

Des faux airs de vue de la Bonne Dame d'Argenton...

Et puis... des champs à perte de vue...

un arbre comme un bateau perdu au milieu d'une mer végétale

Je passe ensuite à Gy-les-Nonains, cher à J.-F. Laslier pour ses expérimentations sur les modes de scrutin et à A. Rolland (coauteur de notre livre "Comment être élu à tous les coups") pour d'autres raisons :

 

L'arrivée à Montargis est... plate et tranquille, mais déjà monte la tension, car ce soir, je vais passer la soirée avec deux vieilles connaissances :

En fait, ils n'étaient pas de super humeur et se sont un peu chamaillés; pas inoubliable comme soirée...

 

Etape 4 : Montargis - Paris

 

Dernière étape de mon périple, elle sera la plus stressante !

 

Pourtant, tout commence très calmement, l'étape est plate et, même si subsiste un peu de vent, rien d'insurmontable.

de nouveau, le profil laisse craindre de fortes montées mais il n'en est rien; l'altitude reste à peu près la même partout !

 

Vers midi, j'arrive à Vaux le Vicomte où je m'octroie un festin de roi à base de pain de mie, de chocolat, de banane et de compote de pommes, elle est pas belle la vie ?

 

Retour devant ce château visité avec mes parents et mon parrain il y a... longtemps !

 

Le seul truc, c'est que les panneaux indicateurs ne le sont pas trop des fois (indicateurs)...

photo non retouchée d'un rond-point peu dissert à côté de Vaux le Vicomte...

 

La fin du parcours est plus pénible : les pistes cyclables s'enchaînent sur les 60 derniers km, et quelquefois de façon peu orthodoxes : il n'est pas facile de sortir du "tout- voiture" et les équipements laissent à désirer : on peut déboucher sur les escaliers, des 2 fois deux voies... ou même rien du tout, bref, j'ai perdu beaucoup de temps. En plus, il est très désagréable, surtout quand on sort de régions sympa pour le vélo, de se retrouver sur le trottoir à 10 à l'heure, à essayer d'éviter les autres usagers de la route (piétons, scooters, trottinettes électriques, rollers, etc.). Heureusement qu'un dernier épisode viendra me divertir un brin...

 

Après 6h de route, je suis encore à une trentaine de km de Paris. Je m'arrête à un supermarché pour m'acheter un peu à boire et manger une barre de céréal. Bonne surprise, ils ont mis devant deux ou trois tables, sûrement pour les voyageurs comme moi. Je m'y installe donc, bois mon jus de fruit, mange un peu et étudie sur mon téléphone la fin du trajet.

Je me remets en route et ce n'est que 5 km plus loin que je m'aperçois que... je n'ai plus mon portable (et donc plus non plus de carte bancaire, de carte d'identité, ni de carte vitale !!!). Demi-tour en vitesse, je ne me fais que peu d'illusions sur les probabilités de retrouver mon bien après 30 mn sur une table dans une rue d'une lointaine (mais très peuplée) banlieue de Paris. Le retour (rapide) se passe cependant bien et c'est avec un énorme soulagement que je retrouve mon portable à l'endroit où je l'avais laissé ! Pfffiou... Quel voyage mouvementé jusqu'au bout !

 

Heureusement, tout est bien qui finit bien et je profite des splendeurs de Paris moins de deux heures plus tard...

pont Alexandre II et les invalides au fond
Notre Dame en pleine réfection

 

Finalement, j'aurai parcouru 530 km en 4 jours (un peu plus de 30 h de vélo), j'aurai cru plusieurs fois ne pas mener ce périple à son terme mais, particulièrement chanceux, c'est passé !

 

 

Puis, j'ai fait petit séjour chez Maxime (avec qui j'ai fait la Route des grandes Alpes l'été dernier, merci !) chez lui dans le XVIIIe . Il a remarqué que j'avais bien mis mon casque :

un bronzage de qualité, c'est ma spécialité !

 

Depuis, je suis bien rentré en TGV à Lyon. J'ai lancé il y a une demie-heure une machine pour laver toutes les affaires que j'avais emmenées avec moi. Je viens de récupérer ma carte bleue qui pour une fois n'était pas dans la coque de mon portable mais dans une poche de mon pantalon. Dans la machine à laver donc. Elle semble fonctionner, je pense que c'est le signe que mon trajet est terminé...